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Les émotions, je gère !

Un article de Julie Braun paru dans Femme d'Aujourd'hui n° 38 en 2019.

Chez l’enfant, les émotions sont souvent d’une grande intensité. Il a d’autant plus de mal à les gérer que son cortex préfrontal n’est pas totalement développé. Comment l’aider ?

On s’intéresse plus que jamais aux émotions depuis qu’on a compris leur importance pour notre bien-être personnel, mais aussi pour la société tout entière. « Différentes études ont montré que l’intelligence émotionnelle (dont font notamment partie la conscience de soi et la maîtrise de soi), comptent pour 75 % dans notre réussite, explique Valentine Anciaux, psychoéducatrice. Aux États-Unis, on évalue même le Quotient Émotionnel (QE) à l’embauche ! C’est pour cette raison qu’on commence à enseigner le sujet à l’école. C’est plus porteur que certaines connaissances
théoriques. Si on est bon en math, mais qu’on est agressif, incapable de trouver sa passion ou de se définir des objectifs, on va avoir du mal à réussir. »

Gérer ses propres émotions

Les émotions font partie de la vie et notre enfant a tout à fait le droit d’en ressentir. Au quotidien, on va donc lui apprendre à ne pas les étouffer, mais au contraire à les
accueillir et à les comprendre. Pour qu’il y arrive, il est essentiel que nous domptions nos propres émotions. Car notre cerveau préfrontal est développé, lui : nous pouvons
donc nous raisonner. Quand notre enfant se met en colère, évitons de nous mettre en colère avec lui… Et s’il nous arrive de sortir de nos gonds, n’hésitons pas à nous excuser et à expliquer pourquoi c’est arrivé.

Accueillir et accompagner

Une émotion exprime toujours un besoin. Quand l’enfant se laisse déborder par elle, prenez du recul pour l’identifier et y répondre. L’enfant a-t-il faim ? Est-il
fatigué ? A-t-il besoin d’attention ? A-t-il commis une erreur qu’il regrette et qu’il pourrait réparer ? On peut mettre des mots sur ce que ressent l’enfant, avant de lui
offrir une piste de solution. Dans son Guide du cerveau pour parents éclairés, Stéphanie Brillant recommande aussi de ne pas chercher à avoir raison. Nous pouvons prévenir l’enfant d’un danger, mais quand il revient blessé moralement ou physiquement, l’accueillir sans remontrances, à bras ouverts, serein, est ce qui lui permet d’exprimer son émotion. Il faut donc ne pas souffrir avec lui, mais être à ses côtés, solide, pour l’accompagner au mieux.

La technique testée pour vous

Avec notre testeuse, Marion, 9 ans

3 questions à Ioannis Alexandrakis, hypnothérapeute à l’Institut de Nouvelle Hypnose et intervenant social dans l’aide à la jeunesse (nouvellehypnose.com).

C’est quoi ? « L’autohypnose est un état d’hyperconcentration. Un peu comme quand on est ‘dans la lune’ ou ‘dans sa bulle’ au boulot. On est focalisé sur une seule chose. Pour entrer dans cet état, on peut par exemple revivre une situation liée à une émotion positive (sérénité, joie...) en y plongeant ses 5 sens. Avec les enfants, la part de l’imaginaire est essentielle. Je les aide notamment à rencontrer leur magicien intérieur, symbole de l’inconscient, qui les aide à revivre un moment agréable. Ensuite, ils pourront refaire appel à lui quand ils le souhaitent. »

Comment ça se pratique ? « Dans un endroit calme, assis ou allongé confortablement. On peut par exemple proposer de le pratiquer comme rituel du soir. »

Quels sont les bienfaits ? « Cela induit calme et sérénité. On entre en contact direct avec son corps et on perçoit les sensations différemment qu’en état d’éveil. Au
niveau des émotions, les enfants prennent conscience qu’ils peuvent en provoquer ou en dissiper. Ils réalisent donc qu’ils ont le contrôle et cela leur donne confiance en eux. »

L'avis de Marion

« J’ai adoré l'atelier. J’ai rencontré mon magicien intérieur, en imaginant un nuage, un village et un chemin qui me plaisaient. Maintenant, il suffit que je fasse un signe pour le retrouver. Si j’ai mal, je peux prendre 3 grandes respirations, fermer les yeux, imaginer que je fais une balade magique avec mon magicien, et la douleur disparaît. Comme les fakirs sur les piques ! Je l’utilise, par exemple, quand je suis en colère. »

Lire l'article dans sa mise en page originale

Presse écrite